La rénovation du lycée Charlemagne effectuée
par le Conseil Régional d'Ile-de-France et la ville de Paris a été
achevée en 1993.
Le porche d'entrée actuel a été créé à
partir d'un plan du XVII° siècle en démolissant un
bâtiment plus récent qui empêchait l'accès du lycée
par la rue Charlemagne (l'entrée se faisait alors au 101 rue Saint-Antoine.)
En 1580, le Cardinal de Bourbon acheta l'Hôtel de la Rochepot, situé
à l'emplacement actuel de l'église Saint-Paul - Saint-Louis
et le donna aux jésuites dont l'ordre avait été fondé
en 1534. Les jésuites, qui s'installèrent là, démolirent
le corps de logis situé en bordure de la rue Saint-Antoine et le remplacèrent
par une chapelle dédiée à Saint-Louis.
La maison professe fut souvent le quartier général de la Ligue
et un foyer d'intrigues contre Henri III. La situation s'aggrava avec l'attentat
du jeune Chatel contre Henri IV, le 27 décembre 1594. Jean-Chatel
ayant fait ses études au Collège de Clermont que dirigeaient
les jésuites, tous les jésuites furent expulsés.
Ils ne rentrèrent en possession de leur maison qu'en 1606. Ils l'agrandirent
en achetant trois maisons voisines. La construction des bâtiments d'habitation
commencée sous Louis XIII, ne fut terminée que sous Louis XIV,
d'après les plans du Père Charles Turmel. L'ensemble constitua
le "Couvent des Grands Jésuites".
En entrant par la rue Saint-Antoine on franchissait une petite porte, à
fronton en pierre, remplacée actuellement par une grille. On avait
devant soi une allée bordée, à gauche, par la chapelle
du couvent (l'église Saint-Louis) et, à droite, par le rempart
de Philippe Auguste dont les fondations sont encore intactes.
L'allée conduisait à une cour située entre la Maison
professe et l'église. Une porte était percée dans la
quatrième travée droite de l'église, elle sera utilisée
plus tard par les professeurs et les élèves du lycée
lorsqu'ils se rendaient en grande pompe, entendre la messe du Saint-Esprit.
Elle a été murée en 1842, mais sa trace est encore visible.
Le pavillon situé sur le côté gauche de cette cour, tout
contre le chevet de l'église, renfermait, au rez-de-chaussée,
la sacristie, et au-dessus, les appartements du Père général
de la Maison professe (c'est maintenant l'Intendance du lycée).
Une cage d'escalier en pierre, restaurée en 1976, très élégante
avec sa rampe en fer forgé de la première moitié du
XVII° siècle, conduit à ce qui fut, en particulier,
l'appartement du Père Lachaise dont il ne reste que la porte, surmontée
d'une décoration sculptée très remarquable (deux anges
tenant une couronne), les murs et une cheminée.
Le pavillon situé sur le côté droit de cette cour présente
encore une belle grille en fer forgé, porte principale de la Maison
professe, ouvrant sur la cage du grand escalier d'honneur. Cette cage, ancienne
tour de rempart de Philippe Auguste, est surmontée d'une coupole décorée,
un peu avant 1698, d'une "Apothéose de Saint-Louis", peinte à
fresque par Giovanni Gherardini (1654-1723), restaurée en 1969.
A la suite de ce pavillon se trouve un bâtiment, situé dans
l'alignement du mur de Philippe Auguste. Ce bâtiment prend jour, d'une
part sur cette cour et, d'autre part, sur l'ancien jardin de la Maison professe
que l'on gagne par le passage ouvert dans ce bâtiment. Ce jardin, en
contre-haut de deux mètres sur la première cour, est actuellement
la cour de récréation, plantée d'arbres, du lycée
Charlemagne.
De forme rectangulaire, ce jardin a ses deux longs côtés occupés
chacun par un bâtiment composé d'un rez-de-chaussée surélevé
et de deux étages, anciens logis des jésuites, qu'occupent
maintenant les classes du lycée.
Le deuxième étage du bâtiment situé au nord, le
plus voisin de la rue Saint-Antoine, était jadis occupé par
une belle galerie, longue de plus de 60 mètres, qu'éclairaient
seize fenêtres surmontées d'oeils-de-boeuf. Son plafond, légèrement
cintré, était décoré d'une immense composition,
comportant deux cents personnages, peinte à fresque par ce même
Giovanni Gherardini, représentant "La Société de Jésus
appelant les peuples sauvages dans le sein de la Religion".
La galerie contenait la bibliothèque de la Maison professe, dont l'entrée
était au dernier étage du grand escalier d'honneur. Sa belle
porte, en chêne sculpté, a été remontée
dans le vestibule du bureau du proviseur du lycée. En 1992, lors de
la rénovation du lycée la fresque a été dégagée,
mais très délabrée,elle attend une restauration des
Monuments Historiques.
De 1640 à 1762, la Maison professe eut une grande renommée.
Les rois de France y prirent leurs confesseurs : le Père Cotton fut
le confesseur de Henri IV, le Père Lachaise, puis le Père Le
Tellier ceux de Louis XIV. En plus des confesseurs des rois, la Maison professe
fut celle de prédicateurs célèbres tels Bourdaloue et
Menestrier, d'hommes de lettres : Huet, Daniel.
La seconde moitié du XVIII° siècle vit croître
contre les jésuites, l'animosité des Parlements et de l'Université.
Finalement en 1762, le Parlement ferma la Maison, supprima la Société
de Jésus. Les jésuites furent expulsés, leurs biens
vendus ; tous les ouvrages de la bibliothèque mis en vente. La Maison
resta vide pendant cinq ans.
En 1767, des lettres patentes de Louis XV permettaient aux Génovéfains (congrégation de France qui suit la rèegrave;gle de Saint Augustin) d'acquérir la Maison
des jésuites pour 400 000 livres. La nouvelle appellation est "Prieuré
Royal de Saint-Louis de la Couture" avec 13 occupants seulement. Dans l'aile
située sur la rue Charlemagne, on installait le dépôt
général des cartes, plans et journaux de la marine royale.
La Maison étant presque vide, les Génovéfains louaient
à la ville de Paris la grande galerie bibliothèque, qui resta
bibliothèque de la ville jusqu'à ce que le Premier Consul la
transfère le 14 ventôse de l'An VI, au Collège des Quatre
Nations (l'Institut actuel).
Le 12 février 1790, la Constituante supprime les ordres monastiques et le prieuré fut fermé, vidé. Bientôt les bâtiments
et l'église Saint-Paul serviront de dépôt aux 1 200 000
livres, manuscrits et documents provenant des couvents du quartier. La gérance
en fut confiée au bibliothécaire Hubert-Pascal Ameilhon. Beaucoup
de livres disparurent et, en 1797, on transféra le reste au couvent
des Cordeliers et à la bibliothèque de l'Arsenal.
En 1795, trois écoles centrales furent créées à
Paris pour l'enseignement secondaire. Elles furent installées dans
l'ancienne abbaye Sainte-Geneviève (plus tard, Lycée Napoléon,
puis Henri IV), dans le Collège des Quatre Nations (plus tard l'Institut)
et dans l'ex-Maison professe des jésuites.
En 1802, le Premier Consul supprima les écoles centrales qu'il remplaçccedil;a
par des lycées. L'établissement d'instruction publique secondaire
qui fut aussi installé dans l'ex-Maison professe des jésuites
a donc porté les noms suivants :
Ecole Centrale de la rue Saint-Antoine en 1797,
Lycée Charlemagne en 1804,
Collèegrave;ge Royal de Charlemagne de 1815 àagrave; 1848,
Lycée Charlemagne de nouveau depuis 1848.
Il n'y eut jamais d'internes, les élèegrave;ves logeaient dans des
pensions ou institutions du quartier. Le Petit Lycée est situé àagrave; l'emplacement du couvent de l'Ave Maria, démoli en 1870. Il s'appuie àagrave; l'est sur l'enceinte de Philippe Auguste dont il reste d'importants fragments et deux tours.